Accès aux services de santé : Chaque individu compte

date Publié le 13/06/2022

Les disparités entre les groupes au sein de la population, accentuent les difficultés d’accès aux services adaptés, pour les groupes ayant des besoins spécifiques. Cependant, certains ont trouvés échos à leurs besoins et d’autres non. Le panel sur les oubliés de la réponse, sans être exhaustif, a voulu mettre le focus sur les jeunes, les personnes handicapées et les personnes en situation de crise humanitaire.

Christiane, une jeune Camerounaise à la fleur de l’âge vient d’être emportée par le VIH/Sida. Est-ce la peur de vivre avec un tel fardeau ou n’avait-elle pas eu une oreille attentive qui puisse lui permettre de calmer ses craintes ? Elle était militante active dans un réseau des jeunes vivants avec le VIH, témoigne Patrick qui, ému, révèle qu’elle avait depuis quelque temps un comportement auto destructeur. A quel moment s’est produit la rupture ? Christiane ne savait plus vers qui se tourner et ce manque d’assistance lui a été fatal. Patrick, membre du Réseau grandir ensemble, a reçu un message, lui annonçant la terrible nouvelle, il élève la voix : Plus jamais ça ! C’est tout le sens du combat à mener, tous ensemble, pour que les enfants, adolescents et jeunes de l’Afrique de l’Ouest et du centre, aient accès à des traitements adaptés. Il qualifie de « 30 années d’amnésie volontaire » l’approche utilisée envers les enfants et jeunes PVVIH. Une approche qui, voulant les protéger et ne pas exposer les familles, les a rendus invisibles. Patrick, invite les pouvoirs publics, les partenaires et les acteurs de la société civile à impliquer effectivement les jeunes pour une meilleure compréhension et prise en charge de leurs besoins spécifiques.

Chez les personnes handicapées, le taux de séroprévalence est entre 3 et 11 fois plus élevé que dans la population générale avec une plus grande proportion de femmes. Ce groupe est particulièrement vulnérable au VIH compte tenu des facteurs socioculturels et économiques qui réduisent l’accès à l’information juste, à des sources de revenus durables et même aux structures sanitaires. De plus, les personnes handicapées, particulièrement exposées aux violences, à l’isolement et à la discrimination, doivent au-delà des services de santé différenciés, bénéficier d’une approche spécifique adaptée à leurs conditions.

La situation sécuritaire précaire dans le Sahel, favorise l’exclusion d’une grande partie des populations déplacées des système sanitaire. Le nombre de personnes déplacées change tous les jours au rythme des attaques qui sont quotidiennes. En 2021, on dénombrait 350 000 personnes déplacées à cause de l’insécurité dans la région de Tillabery ; en 2022, on en dénombre 2 millions au Burkina Faso. Quand les structures de santé sont fermées, pillées ou détruites, beaucoup n’ont plus accès au traitement, les dépistages et les analyses sont impossibles et les agents de santé et acteurs communautaires n’ont plus accès aux zones de conflits. La sensibilisation et l’approvisionnement en médicaments deviennent de véritables défis. Au Burkina Faso, 8 réseaux se sont déployés sur le terrain pour dérouler des activités de sensibilisation, de dépistage et de mise sous traitement, ce qui a permis d’identifier et de mettre sous traitement 20 000 nouvelles personnes dépistées positives au VIH/Sida. A cause de l’insécurité, certaines localités peuvent rester 6 mois, sans approvisionnement. C’est pourquoi, des acteurs de la société civile négocient avec l’armée afin ces personnes vulnérables puissent avoir accès à leur traitement. L’inclusion des personnes vivant avec un handicap est essentielle pour améliorer l’accès aux services de santé et assurer leur continuité dans un contexte humanitaire est primordial.

Aujourd’hui l’Institut de la société civile pour la santé en Afrique de l’Ouest et du Centre pose le débat pour que les groupes oubliés ou négligés soient pris en compte dans la réponse pour l’atteinte des 95-95-95. L’utilisation des données disponibles, l’implication effective des personnes et des partenariats forts permettront d’évaluer précisément les besoins et mieux affiner les approches et interventions pour plus d’efficacité.

Partager