En Afrique de l’Ouest, les projections climatiques pour les décennies à venir suscitent une inquiétude croissante en raison des prévisions de réchauffement de 2°C d’ici les années 2040 ou 2050. Ce réchauffement entraînerait une fréquence des événements de chaleur extrême multipliée par dix. L’intensification et la prolongation des vagues de chaleur mettent en lumière les risques graves que le changement climatique pose pour la santé des populations. Face à cette menace croissante, il est crucial de se pencher sur les impacts spécifiques de cette hausse des températures et d’explorer les solutions possibles pour protéger la santé des habitants du Sahel et d’Afrique de l’Ouest.
L’augmentation de l’intensité et de la durée des événements de chaleur extrême démontre de manière alarmante les impacts dangereux du changement climatique sur la santé. En raison de la combustion de matières fossiles comme le pétrole, le charbon et le gaz, ainsi que d’autres activités humaines, le changement climatique rend les vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues, plus chaudes et surtout plus dangereuses dans le monde entier.
Les vagues de chaleur plus précoces et plus soudaines posent un risque accru car le corps n’a pas le temps de s’acclimater à des températures plus chaudes. En effet, chaque jour supplémentaire qu’une vague de chaleur se prolonge augmente les risques pour les populations vulnérables, en particulier parce que les nuits chaudes ne permettent pas au corps de se régénérer correctement ; d’autant plus qu’en cas de chaleur extrême, le corps humain doit travailler plus dur pour maintenir les organes et les tissus à des températures saines. Les périodes plus longues de chaleur augmentent donc la pression sur le système cardiovasculaire avec des risques plus élevés d’insuffisance cardiaque et rénale dans les cas extrêmes.
Prévenir les risques sur la santé des populations est devenue une nécessité
Des solutions structurelles, comportementales et environnementales sont nécessaires pour prévenir les impacts sanitaires inutiles des vagues de chaleur extrême en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Les infrastructures de base telles que l’électricité, l’eau et les systèmes de santé doivent être renforcées de toute urgence afin de pouvoir résister à l’intensité des futurs événements de chaleur extrême.
Les technologies de prévision et de préparation, telles que les plans d’action contre la chaleur, se sont révélées très efficaces pour réduire la morbidité et la mortalité liées à la chaleur, en particulier parmi les populations vulnérables.
En outre, beaucoup de gens négligent ou ignorent les symptômes du coup de chaleur en espérant que ces derniers passeront, mais chaque minute compte… Les symptômes peuvent rapidement s’aggraver et devenir dangereux. Il est donc nécessaire de sensibiliser davantage les populations aux symptômes et aux dangers des maladies liées à la chaleur.
Adaptation des villes et localités
Des dispositions sont également à prendre en ce qui concerne le cadre de vie. Avec l’urbanisation rapide, des solutions environnementales qui abordent à la fois l’atténuation et l’adaptation sont essentielles. Bien qu’accroître l’accès à l’ombre et à l’eau, atténuer la chaleur des transports et intégrer des espaces verts dans les villes puissent paraître anodins, ces éléments d’urbanisme sont autant d’exemples d’adaptation et de manière pour les pays, de réduire l’impact du changement climatique sur la santé.
Enfin, afin d’assurer un avenir plus sain pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, l’heure est venue de mettre en place des solutions innovantes mais également pratiques.
La physicienne atmosphérique grecque Iphigenia Keramitsoglou, par exemple, a élaboré une application qui donne aux utilisateurs des informations en temps réel sur les niveaux de risque de chaleur et propose des moyens de rester au frais, comme des itinéraires de marche plus aéré, une carte des fontaines à eau disponibles à proximité et des bâtiments publics climatisés aux alentours. Autre solution prometteuse : de petites polices d’assurance subventionnées pour les travailleuses manuelles en Inde qui fournissent des paiements si les températures atteignent des niveaux dangereux et ce, dans le but de protéger les femmes travaillant malgré une chaleur extrême.
Il existe des voies claires et efficaces pour faire face aux défis posés par la chaleur extrême en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Bien que les impacts actuels du changement climatique sur la santé publique soient alarmants, inéquitables et complexes, l’espoir d’un avenir meilleur dans la région persiste. Il est désormais temps pour les professionnels de la santé publique de se rassembler pour échanger et s’adapter aux dangers de la chaleur extrême et développer des solutions plus résilientes, afin de garantir le succès futur de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.